Un média d’opinion reste-il un média comme les autres ?
Le but d’un journaliste est « d’aller chercher la petite bête », et donc en un sens de « provoquer ». Mais on peut distinguer faire un vrai travail de journaliste, et faire de la provocation dans le but de susciter une réaction que l’on pourra ensuite reprocher à ceux qui se seront sentis agressés. Certains médias d’opinion peuvent aussi faire preuve de rigueur journalistique (ex : Le Figaro), tandis que ce n’est pas le cas pour d’autres (ex : C News). On ne peut imputer à une organisation les comportement d’individus qui se servent du cadre de cette organisation pour conduire leur propre projet (ex : les groupuscules qui gravitent autour du FN/RN). Idem pour les médias. Dans l’affaire du média d’extrême-droite Frontière à l’assemblée nationale, certains estiment que les journalistes ont été « agressés » par des députés LFI ; d’autres qu’il s’agit à peine d’une bousculade sans la moindre agression. Le fait que les journalistes de Frontières aient besoin de gardes du corps est très symptomatique de quelque chose de très problématique. Mais sont-ils les seuls à avoir besoin de protection ? Les juges qui ont condamné Marine Le Pen, ne faisant en cela qu’appliquer la loi, sont sous protection policière suite à des menaces de mort… Le problème est des deux côtés : aucune agression n’est légitime, d’où qu’elle vienne. Certains soutiennent que les violences s’exercent davantage de la gauche vers la
droite, et sont d’origine plus institutionnelle (députés, etc.) ; d’autres sont en désaccord, et demandent des sources fiables à l’appui de ce genre
d’assertions. Tous les médias sont-ils politiquement orientés ? On peut estimer que les médias de service public sont globalement assez « neutres », mais les médias privés sont souvent orientés par leur financeur. Mais les médias de service public sont-ils « parfaits » ? Reste à définir ce que l’on entend par « parfait » … Un média d’opinion se doit d’abord de donner des informations fiables et recoupées, quoi que ce média en pense par ailleurs. C’est très différent de la désinformation. Mais les médias en général ont tendance à se focaliser sur tout ce qui ne va pas et sont extrêmement anxiogènes. Le choix des sujets est déterminant. C’est ce que l’on appelle « l’effet d’agenda ». La dimension politique n’est pas en soi un problème, c’est la vie de la cité. Faut-il pour autant cesser de parler de politique le week-end, par exemple, comme le fait France Info avec le sport, au nom du fait que « les gens » auraient besoin de « décompresser » ? Non, car on peut être plus disponible le week-end. Ce qui est pénible et ce qui provoque de la « fatigue informationnelle », c’est l’effet de répétition des mêmes infos à longueur de temps. « Hugo décrypte » est-il un média ? Tout dépend de ce que l’on entend par « média », mais si on le prend au sens large (« média » : ce qui est au milieu, entre-deux), c’en est un. Il y a un gros problème de quantité d’informations donnée par un média au regard de ce qu’il y a à savoir sur un dossier quand on le creuse véritablement : on survole beaucoup. Un média qui ne cesse de répéter, par exemple, que la colonisation a eu des aspects positifs est-il encore digne de foi ou digne de confiance, ou n’est-il qu’un simple relai idéologique ?