Faut-il légaliser la drogue ?
Il existe différentes catégories de drogues : on ne peut pas tout confondre. L’alcool en est une car cela modifie la perception et la pensée. Le tabac n’a pas d’effet psychotrope immédiat mais altère le comportement au long cours. Les jeux vidéo engendrent aussi une addiction, mais ils ne sont pas une drogue stricto sensu. La légalisation du cannabis dans certains pays aurait permis une baisse de la consommation (Allemagne, Malte, Luxembourg…), mais ce n’est pas vérifié partout ni tout le temps. Au Canada, il y a eu forte augmentation, au Portugal une légère augmentation, une légère diminution en Uruguay, et une diminution continue chez les jeunes (mais pas chez les adultes) en Allemagne, par exemple. La réponse est donc très nuancée. Cela semble avoir un effet à la baisse sur les consommateurs réguliers, reste à savoir pourquoi… Cela freine a priori le développement du marché noir. La légalisation peut faire baisser le niveau de violence (guerre des gangs pour le monopole des points de vente, etc.) Cela ferait des rentrées fiscales pour l’Etat et permettrait de contrôler la qualité des produits. Mais peut-on accepter qu’un Etat vende de la drogue ? Est-ce bien sa fonction ? Dépénaliser ne signifie pas pour autant que l’Etat vende directement, juste qu’il tolère et encadre le commerce. La drogue est mauvaise pour la santé, et cela reviendrait à envoyer un message totalement opposé à la prévention en matière de santé. On peut néanmoins utiliser le cannabis ou d’autres drogues à des fins médicales très contrôlées, ce qui ne pose pas de problème. Mais l’Etat écoule déjà, ou accepte déjà la consommation de produits très nocifs pour la santé (tabac, alcool…), pourquoi pas d’autres ? Puisque de toute façon les gens vont consommer, autant que ça soit dans un cadre contrôlé. On peut établir un parallèle avec la prostitution : il y aurait de toute façon « consommation », autant la contrôler, y compris dans l’intérêt des prostitué.es. On peut trouver légitime de lutter non seulement contre les drogues mais contre toutes les formes d’addictions : sexe, jeu, etc. Si la demande devient exponentielle, on va avoir un problème de production, d’où augmentation des prix, d’où une augmentation massive des effets pervers (criminalité, etc.). Certains proposent « d’éliminer volontairement une partie de la population » (sic) pour faire baisser la population, donc la demande de drogues, donc les effets pervers… Il faut interdire de toute façon les drogues qui rendent dépendant dès la première prise, type crack. Mais toutes les drogues n’ont-elles pas un effet addictif ? Le cannabis est beaucoup moins addictif que d’autres drogues, il y a moins de risque à le légaliser. Les effets positifs en termes de sécurité sont réels, mais on peut aussi y voir un instrument de contrôle social (cf. pays d’Afrique de l’Est où la distribution de khat est organisée par l’Etat). Si on légalise, il faut contrôler strictement la population que l’on autorise à acheter. Mais n’y a-t-il pas un risque de détournement (majeurs qui achètent pour les mineurs, comme l’alcool ou le tabac aujourd’hui) ? On peut encadrer médicalement la consommation si c’est légalisé : les gens auront moins honte de s’adresser à des professionnels si ce qu’ils ont fait n’est pas illégal. Mais il y a déjà un secret médical qui, en principe, nous protège… qui néanmoins peut entrer en contradiction avec la loi qui oblige à dénoncer un crime ou délit dès lors qu’on en a connaissance. Toutes les addictions n’ont pas le même degré de gravité. Le bilan de la légalisation ne se limite pas aux seuls chiffres de la consommation ; il faut prendre en compte tous les effets (hygiène, criminalité, perturbations diverses, libération de temps pour la police, risque de « contagion du crime » en prison, etc.). C’est une question que l’on retrouve avec les salles de shoot, par exemple. Il faut voir l’incidence sur les prix en cas de légalisation. S’ils baissent, ce n’est pas une bonne chose car cela rendrait le produit plus accessible. Il faudrait conserver le prix actuel moyen… Mais la forte baisse des prix casserait le marché ! Le CBD est un début de légalisation… Il y aurait un effet psycho-actif sans la dépendance. Certains proposent de tout interdire, y l’alcool, le tabac, etc. ! Mais il y a une grande ancienneté de la consommation et une caractère « culturel » de ces produits. Il faut au moins un encadrement très sévère de la consommation d’alcool… qui pourrait aller jusqu’à la surveillance individuelle ! Mais ce point est très contesté au nom des libertés publiques… Mais peut-on considérer comme une liberté le fait de prendre un produit toxique ? Si on a fait suffisamment de prévention, si on a une population très éduquée, on aura fait le nécessaire. On ne peut pas infantiliser les gens à l’infini. Si je décide m’intoxiquer tout seul, sans risque pour autrui, qui a le droit moral de m’en empêcher ? Ne suis-je pas maître de mon corps ?