Pourquoi avons-nous du mal à imaginer un monde sans capitalisme ?
Car le « communisme » n’a pas été une complète réussite ! Mais de quel communisme parlons-nous ? Laissons Staline de côté. On croit que les gens ne veulent plus rien faire sans capitalisme car on imagine que seule la motivation financière est efficace. La « gauche » n’a jamais été vraiment au pouvoir en France sous la Vème République, hormis peut-être au début du premier mandat de Mitterrand. Est-ce faute de système alternatif ? On n’arrive pas à imaginer un monde communiste… Que ferions-nous des banques ? Que ferions-nous des employés des banques ? Ne peuvent-ils entrer dans la fonction publique ? Mais le communisme ne signifie pas nécessairement la fin de l’argent… On a déjà des noyaux de post-capitalisme dans le capitalisme : les associations, Wiki, Blast, Médiapart, l’économie sociale et solidaire, la Sécu, les Systèmes d’Echanges Locaux, etc. Il ne s’agit pas nécessairement de « refaire le monde » dans son entièreté … Qu’avons-nous comme système alternatif ? Que deviendrait la recherche scientifique et technique dans le cadre d’un système « communiste » ? Y aurait-il de l’argent dans une société communiste ? Oui, le capitalisme n’a pas inventé l’argent. Il s’agirait seulement d’empêcher les écarts sociaux abyssaux et de répartir la propriété des moyens de production. Ne peut-on penser un « techno-communisme » où la technologie prend en charge les aspects les plus inhumains du travail ? On peut penser un mixte de communisme et d’anarchisme, le second venant tempérer les tendances potentiellement étatistes du premier. L’anarchisme n’est absolument pas une apologie du désordre mais « l’ordre sans le pouvoir ». Il faudrait des lois très fortes, une constitution mais faudrait-il une force publique pour la faire respecter, sans pour autant prendre le risque de tomber dans l’autoritarisme. L’un des freins de l’avènement du post-capitalisme, c’est le niveau de confort que le capitalisme offre à une part de la population mondiale. Mais comment ne pas voir que c’est au détriment d’une bonne partie de l’humanité et de la planète dont nous dépendons tous ? Les pro-capitalistes justifient leur propre égoïsme par le supposé égoïsme des autres. Il faut donc commencer par modifier radicalement notre regard. Qu’y a-t-il de si « mal » dans le capitalisme ? Des inégalités sociales abyssales, une catastrophe écologique en cours, une baisse tendancielle du taux de profit qui devrait conduire à son effondrement, etc. On peut trouver des formes de révolution d’inspiration communiste qui ont plus ou moins réussi au début (Cuba, le Nicaragua…) mais qui ont fini par échouer à cause d’un effort de guerre imposé par les USA conjugué à des dérives autoritaires internes. Le capitalisme bénéficie d’une domination culturelle historique qui le fait passer pour un fait accompli, jusque dans les études faites par les jeunes et qui sont souvent inaccessibles aux classes populaires. Le marché a aussi la puissance de s’opposer aux évolutions sociales de gauche (ex : tournant de la rigueur, augmentation massive du prix du pétrole, la « dette », les menaces de délocalisations, etc.). Le fait d’être dans un monde capitaliste empêche de penser le post-capitalisme. Il y a une domination intellectuelle qui s’infiltre dans les esprits. La peur du communisme stalinien paralyse toute pensée alternative. On ne veut même plus essayer autre chose. Il y a une puissance propre du capitalisme, qui ne cesse de s’étendre en absorbant tous les secteurs de la vie. Le poids idéologique de « la loi de l’offre et de la demande » est disproportionné par rapport à la réalité du monopole de certaines entreprises. Bien des libéraux trouvent leur avantage à un système qui n’a que faire des droits des travailleurs, des immigrés, des femmes, etc.